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2007-12-20


Comment évaluer le gouvernement d’Hugo Chavez?

Nous devons admettre une chose à propos du président Hugo Chavez: il sait comment faire les unes de la presse internationale. Beaucoup écrivent sur ses discours anti-impérialistes (il a appelé George Bush ‘le démon’ devant l’Assemblée des Nations Unies) et ses décisions inhabituelles (il a créé un fuseau horaire spécifique pour le Venezuela afin que les écoliers puissent dormir plus longtemps).

Mais avant tout, les médias bourgeois le considèrent comme la ‘menace rouge’ la plus importante depuis la fin de l’Union Soviétique, notamment car il propage l’idée d’un ‘Socialisme du XXIème siècle’, en train d’être mis en place au Venezuela. Il a renationalisé quelques firmes privées, telle que le compagnie de réseau téléphonique de la capitale Caracas, et c’est précisément à cause de ces politiques économiques qu’il est constamment dénoncé pour être un ‘dictateur fou’.

Des sympathisants de gauche du monde entier présentent Chavez comme un socialiste révolutionnaire. Ainsi, le Parti Communiste Allemand applaudit chaque mesure prise par le président Vénézuelien. Les militants des partis de gauche lui prêtent une attention toute particulière car ils voient en lui la preuve que le socialisme ne peut être mis en place qu’à travers un gouvernement de gauche. Mais est ce qu’une société socialiste est elle réellement en train d’être mise en place au Venezuela?

La constitution et le parti

Début décembre a eu lieu un vote à propos d’une réforme constitutionnelle qui devait codifier le ‘système socialiste’ du Venezuela. Le camp gouvernemental a perdu le vote de peu, ce qui éclairci au moins une chose: Chavez peut difficilement être un ‘dictateur’, car, le cas échéant, il n’aurait pas organisé un référendum pour le perdre.

Les résultats du vote ne peuvent pas être considérés comme un rejet du socialisme: l’opposition conservatrice n’a en effet pas bénéficié d’une hausse de ses résultats par rapport aux dernières élections, mais, par contre, seulement quatre millions d’électeurs sont allés voter pour le camp de Chavez, c’est-à-dire trois millions de moins qu’il y a un an (en même temps, le nouveau parti que Chavez est en train de construire dénombre officiellement six millions de membres!). Cela signifie que beaucoup de ‘Chavistas’ n’ont pas été convaincus par la réforme constitutionnelle et sont restés à la maison.

La réforme contenaient beaucoup de mesures progressistes, comme la journée de six heures, ou l’interdiction de la discrimination, mais les aspects qui ont été rejetés sont, sans aucun doute, ceux qui voulaient concentrer le pouvoir dans les mains du président (par exemple le pouvoir de déclarer l’état d’urgence et de suspendre ainsi des droits fondamentaux).

Cette réforme n’est pas le seul moyen utilisé pour étendre le pouvoir de l’exécutif: Chavez construit actuellement un grand parti de soutien au camp gouvernemental, le ‘Parti Socialiste Unifié du Venezuela’. Ce parti n’est pas celui des travailleurs vénézuéliens malgré ce que laisserait sous entendre son nom: Chavez a déjà exigé que les syndicats soient subordonnés à l’Etat, tandis que le PSUV est principalement composé de bureaucrates de l’Etat et de capitalistes ‘patriotiques’, il y a un même un groupe nommé ‘les businessmen socialistes’ !

Le gouvernement de Chavez tente actuellement de faire la part des choses entre les attentes des travailleurs et celles des capitalistes. Il essaye de donner à chaque classe sociale et de réconcilier leurs intérêts. Etant donné du prix élevé du pétrole, cela pourrait même fonctionner pendant un temps: le gouvernement crée des programmes sociaux et des emplois dans des coopératives soutenues par l’Etat, tandis que les moyens de production restent dans les mains des capitalistes. Malgré son discours constant sur l’implantation du socialisme, Chavez jure chaque fois qu’il le peut qu’il ne veut pas toucher à la propriété privée des moyens de production: «Nous n’avons pas l’intention d’éliminer la bourgeoisie Vénézuélienne».

Socialisme

Que devons nous penser d’un gouvernement qui promet à la fois de protéger la propriété privée et d’introduire le socialisme ? Un gouvernement de ce type n’est pas nouveau, particulièrement en Amérique latine. Les capitalistes dans les pays sous développés sont faibles, pris entre les firmes multinationales et la population. Afin d’acquérir plus d’indépendance face à l’impérialisme, les militaires de gauche comme Chavez vont prendre le pouvoir en mobilisant le peuple avec des discours radicaux et des réformes marginales (il suffit de penser au marie d’Evita Peron!). Ils parlent ainsi d’anti-impérialisme ou même de socialisme, mais n’introduisent pas de changement fondamental dans les relations sociales: le pouvoir reste entre les mains des capitalistes, de la bureaucratie étatique et de l’armée…

Une révolution socialiste, au contraire, requière une socialisation complète des moyens de productions, l’expropriation des grandes firmes et des grands propriétaires terriens, et le remplacement de la police et de l’armée par des forces populaires. Ce programme ne peut pas être porté par des technocrates, qui sont intimement liés à l’ordre social préexistant. Dans une révolution socialiste, l’Etat doit être renversé par les travailleurs et les agriculteurs, organisés en comités. Seulement cela peut conduire à une élimination permanente des inégalités et du sous développement.

Le mouvement des travailleurs

Les travailleurs vénézuéliens défendent les mesures prises par Chavez, qui ont apportées des améliorations concrètes de leurs conditions de vie. Mais ils ne peuvent pas suivre aveuglement le ‘maximo lider’. S’ils veulent véritablement suivrent le chemin d’une révolution socialiste, il y aura inévitablement une césure entre ceux-ci et l’appareil étatique de Chavez. Ils doivent être préparés à aller plus loin que le ‘Chavismo’, et dans cette optique, ils ont besoin d’un véritable parti de travailleurs, un parti avec un programme révolutionnaire et une structure indépendante.

Une part importante de la fédération des syndicats, l’UNT, refuse d’entrer dans le PSUV et a récemment fondé le ‘Mouvement pour la Construction d’un Parti des Travailleurs’. Ce mouvement veut construire une force des travailleurs indépendante, une force qui peut lutter aux côtés du gouvernement de Chavez contre l’impérialisme, mais qui a en même temps la possibilité de se battre pour ses propres intérêts contre le même gouvernement.

Notre devoir en tant que révolutionnaires hors du Venezuela est le même: nous défendons le gouvernement de Chavez contre les attaques des impérialistes et de l’opposition bourgeoise, mais nous ne renonçons pas à la critique. Notre solidarité va en premier lieu vers les militants qui veulent construire un parti révolutionnaire des travailleurs vénézuéliens car cela constitue le seul chemin vers la création véritable du socialisme au Vénézuéla.

Wladek, Revo Berlin, le 20 décembre 2007



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